Convaincus de la
justesse de cette citation de Gustav Mahler : « Ce qui est le
meilleur dans la musique ne se trouve pas dans les notes» se pose le problème de l’interprétation et ce
dernier devient de plus en plus complexe à mesure de l’éloignement dans le
temps.
Cependant de par sa construction même l’instrument de musique recèle les matériaux esthétiques qui permettent de relier l’idée musicale à l’œuvre exécutée. Cependant, le but de la recherche scientifique sur les instruments de musique n’est que rarement le son lui-même, qui est généralement modifié par le passage du temps, mais plutôt la découverte de la structure de la facture instrumentale à l’origine du son.
Tout comme les musiciens d’hier ou d’aujourd’hui, les artisans des XVIe et XVIIIe siècles possédaient une très solide formation tant technique qu’esthétique.
Le savoir-faire et l’éducation tant esthétique que culturelle des artisans de l’époque préindustrielle étaient tels qu’avec l’obtention de la maîtrise, ils étaient en mesure de devenir non seulement réalisateur, mais concepteur en toute liberté d’instrument répondant exactement à leur idée de l’espace sonore.
L’accomplissement du désir d’expression musicale est évidement préservé dans la texture d’une l’œuvre, mais elle ne devient audible que grâce à l’instrument destiné a l’interpréter. Ainsi la structure, et les techniques de construction des instruments de musique en sont partie intégrante et recèlent une richesse culturelle et historique de premier plan.
L’existence de l’Institut est motivée par cette certitude que les instruments de musique sont une partie essentielle de nos traditions culturelles et que grâce à ces chefs d’œuvres de l’artisanat d’art « l’instant poétique » redevient accessible au-delà du temps.
Revivre précisément ces « Instants poétiques », inclus dans la musique et son interprétation exige cependant un processus herméneutique rendant accessible toute une culture sous-jacente.
Dans l’instrument, qui a survécu au fil du temps, est en effet enclose l’idée concrète d’un mode d’expression spécifique, porté par sa structure technico-physique.
C’est donc la culture technique et artisanale qui a mis en œuvre des idées essentielles qui vont au-delà de l’objet individuel et les ont préservées dans l’instrument.
L’institut est ouvert à tous les projets qui servent à rechercher cette structure et contribuent à la recherche de l’histoire des idées entre composition et instrument.
Nous voyons notre tâche dans la promotion des méthodes de traitement scientifique de l’histoire des idées et de la tradition artisanale des instruments historiques.
La recherche archivistique, la documentation métrologique, les examens physico-techniques, la détermination des spécificités des matériaux et les analyses des techniques historiques de fabrication sont autant de pistes scientifiques essentielles et complémentaires auquel l’institut se consacre.
La mise en œuvre pratique des connaissances acquises s’effectue ensuite dans une approche expérimentale archéologique conduisant à la reconstruction des instruments étudiés par, en quelque sorte, une rétro-ingénierie de leurs procédés de fabrication.
C’est ainsi que la combinaison de méthodes scientifiques et musicologiques mises en œuvre au sein de l’institut souhaite ouvrir un espace de connaissances destiné à devenir la base d’une interprétation musicale moderne au plus près de l’émotion originale.
Helmut Balk
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