Marienmünster, ancienne église du monastère

Johann Patroclus Möller 1736-1738

État de conservation : Les tuyaux sont en grande partie conservés, ainsi que le sommier du positif de poitrine. Restaurations en 1921, 1961-66 et 2010-12.

L’orgue de Marienmünster est le plus grand orgue Möller encore conservé aujourd’hui et le plus grand orgue monumental de la région. Dans l’histoire de la restauration d’orgues, il occupe également une place particulière, puisque lors de la première restauration en 1921, un élément important de l’installation technique, à savoir le sommier Möller dans le positif de poitrine, a été conservé et ainsi préservé, à une époque où l’on ne comprenait par « restauration d’orgues » que la conservation des composants sonores, c’est-à-dire de la tuyauterie, mais où l’on modernisait sans hésiter l’ensemble de l’installation technique en utilisant les dernières acquisitions de l’époque. Mais de telles modifications du « soubassement » technique imposaient souvent des interventions plus ou moins massives sur les tuyaux eux-mêmes et donc sur leurs qualités sonores ; ce n’est qu’avec des restaurations comme celle de Marienmünster que l’on a compris que l’installation technique, dépassée aux yeux du XIXe et du début du XXe siècle, exerçait elle-même une influence tout à fait décisive sur le son global d’un orgue.

L’orgue de Westphalie constitue un remarquable témoignage de la fusion de différentes conceptions idéales de l’orgue. Situé à l’intersection des paysages organistiques du nord et du centre de l’Allemagne et de ceux des Pays-Bas et de la Flandre, qui sont totalement différente d’un point de vue confessionnel, il a donné naissance à un type d’instrument d’une monumentalité impressionnante, qui ne montre que très peu d’influences italiennes, que l’on peut par ailleurs constater dans les régions catholiques. À bien des égards, le style de Möller (et de la région de Westphalie) possède des caractéristiques très originales, comme la sesquialtera spécifiquement composée ou certains jeux d’une grande sensibilité. L’architecture de l’orgue, avec ses tours de pédale reliée au buffet principal en un demi-cercle grandiose, trahit des modèles d’Allemagne du Nord et des Pays-Bas, mais la nette tendance à la largeur, qui englobe toute la tribune, constitue une différence immédiatement visible par rapport aux orgues néerlandais beaucoup plus en hauteur.