Clavicorde de J. H. Silbermann, 1775

Dans l’esprit du 18e siècle, le clavicorde était « l’instrument à clavier » par excellence, sur lequel l’interprétation musicale la plus subtile et nuancée était possible, mais qui exigeait une grande maîtrise de jeu, n’a nulle autre égale. Toute la pédagogie de l’apprentissage des instruments a clavier de cette époque était basée sur le clavicorde et ses possibilités dynamiques et ornementales particulières, qui permettaient le contact direct des doigts et des cordes vibrantes via la connexion rigide des touches et des tangentes frappantes. Le faible volume sonore de l’instrument créait naturellement une atmosphère musicale des plus intime ne visant aucunement à créer des effets spectaculaires, mais plutôt un dialogue presque personnel entre le compositeur et l’interprète. Les rares auditeurs parfois invités à vivre de tels concerts étaient assurés de vivre des instants musicaux subtils et des plus raffinés. 

La production de clavicorde dans les pays germanophones a connu son dernier apogée vers le milieu du XVIIIe siècle. Outre des spécialistes tels que la famille Hubert à Ansbach, tous les grands fabricants de pianos de cette époque tels que Haas, Silbermann, Späth, Stein et bien d’autres produisaient des clavicordes. Les clavicordes étant l’instrument standard de la pratique, de l’apprentissage domestique et l’outil de composition par excellence, la demande en était très importante. 

Tout comme les pianistes à l’époque ont dû maîtriser les subtilités interprétatives du clavicorde, les fabricants d’instruments ont été confrontés avec le clavicorde à des défis très particulier. Relativement simple techniquement, le clavicorde exige cependant un travail très minutieux et une qualité d’exécution particulièrement précise. 

Un clavicorde issu de l’un des plus importants ateliers du XVIIIe siècle semblait donc un modèle tout à fait approprié pour aborder les bases de la fabrication des instruments à clavier de cette époque. Le clavicorde ici présenté a été construit par Sophia Madelung lors de son apprentissage de facteur d’orgues dans notre institut sur la base d’un instrument original du Musée national germanique de Munich. Plusieurs clavicordes de ce type ont d’ailleurs été déjà produits dans notre institut. 

Carl Philipp Emanuel Bach possédait un clavicorde Silbermann, qu’il dû vendre en 1781. A cette occasion, il composa un « Adieu en Rondo à mon Silbermann » Wq 66. l’acheteur de cet instrument Dietrich Ewald von Grotthuss de Mitau en Lettonie actuelle, composa pour sa part une réponse intitulé « Rondo a la Joie de la réception du Silbermann. » 

 
 
 
« Adieu en Rondo à mon Silbermann »  D-B Bach P 359 
« Adieu en Rondo à mon Silbermann » D-B Bach P 359

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